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Des milliers de réfugiés accueillis par le Niger : Filippo Grandi félicite le pays de sa générosité

Selon le chef du HCR, le Niger est un exemple pour le monde, en dépit de sa pauvreté et de ses propres problèmes.

NIAMEY, Niger – « L’un des pays les plus pauvres est aussi l’un des plus généreux. »

C’est du Niger que parlait le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, M. Filippo Grandi.

« Malgré les problèmes de sécurité, les difficultés économiques et la complexité de son voisinage, le Niger a toujours gardé ses frontières ouvertes. »

Le Niger est un exemple pour le monde, a déclaré Filippo Grandi en visite ce jour (20 juin) dans le pays à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié.

Filippo Grandi arrivait tout juste de Libye à bord d’un vol transportant 122 réfugiés libérés de brutales conditions de détention et évacués par le HCR vers le Niger au titre d’un accord passé avec le pays. C’était le treizième vol d’évacuation, contribuant à extraire plus de 1200 personnes de conditions épouvantables.

Les réfugiés évacués depuis la Libye étaient les derniers arrivés sur les presque 328 000 personnes pour lesquelles le Niger est devenu un sanctuaire. Le pays a ouvert ses portes et offert protection à ces personnes qui ont fui les conflits dans d’autres pays ainsi qu’à des déplacés internes par les conflits au-delà de sa frontière avec le Mali.

« Le Niger est un exemple de solidarité et de générosité dans un monde où de nombreux États pratiquent une politique de rejet », a déclaré le Haut Commissaire.

Lors d’une réunion avec Filippo Grandi à Niamey, le Premier ministre Brigi Rafini a réaffirmé la politique de portes ouvertes du Niger à l’égard des personnes qui fuient la guerre et la persécution.

Alors que des pays plus nombreux envisagent de fermer leurs portes, ceux qui ont fui leur foyer et leur pays représentaient 68,5 millions de déracinés en 2017, un nouveau record selon le dernier rapport du HCR sur les Tendances mondiales publié le mardi 19 juin.

Trouver refuge au Niger ne signifie pas la fin des souffrances pour nombre de ceux qui ont réchappé à la détention en Libye. Selon les psychologues qui travaillent avec les jeunes femmes et les mineurs non accompagnés dans des « cases de passage », autrement dit des centres d’hébergement temporaire, 30 à 40 pour cent des jeunes personnes souffrent de troubles de stress post-traumatiques (TSPT), et des tentatives de suicide ont été enregistrées.

Trois jeunes de 13, 14 et 16 ans dont les noms ne seront pas cités par souci de protection ont raconté leurs épreuves à Filippo Grandi en des termes déchirants.

« Je suis parti il y a deux ans », raconte l’un des garçons. « Mes parents me manquent. C’est vraiment difficile. J’ai vu des gens torturés, abattus, violés. Je n’arrive même pas à en parler. Je ne ne parviens pas à dormir la nuit. »

L’évocation de ces souvenirs le laisse en pleurs.

Un autre jeune qui espère devenir chanteur joue une chanson qu’il a écrite sur un instrument traditionnel à cordes appelé kirar. Il y parle des souffrances de l’exil à travers une lettre à sa mère. « Si tu savais ce qui se passe en moi, tu serais dégoûtée de ce que signifie la vie en exil. »

Dans un autre centre d’hébergement temporaire, Mahareet Gazaee, une jeune Érythréenne de 22 ans, discute avec Filippo Grandi. Elle a fui son pays et traversé le Sahara, tout cela pour se retrouver capturée et détenue par des passeurs en Libye pendant toute une année.

« Ce que j’ai traversé, je ne l’oublierai jamais, » dit-elle plus tard. « J’ai été torturée et battue. Et après les douleurs physiques, il y a maintenant les souffrances mentales et psychologiques. Je les sens encore maintenant. »

Son amie Salam a été violée dans un camp. Elle a donné naissance à un fils juste avant d’être évacuée vers le Niger. Son existence est maintenant axée sur l’avenir de son enfant.

« J’espère vraiment qu’il deviendra un être humain véritable et qu’il connaîtra un meilleur état d’esprit que moi. »

Les deux amies vivent aujourd’hui dans une sorte de vide, attendant depuis des mois au Niger dans l’espoir d’être réinstallées en Europe.

Pour Filippo Grandi, les pays européens doivent trouver remède à ce vide.

« Ce qui me préoccupe, c’est qu’il y a bon nombre d’offres de réinstallation, » dit-il. « Mais au-delà des offres, tout avance trop lentement. Pour ces personnes, il faut que les choses accélèrent. »